✤ Confessions intimes de Pumpkin. (a)

Je crois que je suis née, sans avoir été désirée. Plutôt, il n'y avait que ma mère qui voulait de moi. Heureusement parce que, c'est elle qui m'a portée pendant neuf mois. Rien que pour ça je lui dois une fière chandelle. Elle a été si courageuse, si gentille. Non, elle n'a jamais touché de drogue, d'alcool, de cigarettes pendant sa grossesse. Elle a simplement ruiné des paquets de mouchoirs entiers en apprenant que mon père la trompait. Il rentrait tard le soir, ou il ne rentrait pas. Il prétextait un dîner professionnel le dimanche, ou il se plantait devant la télévision en se disant malade. Il la giflait si elle faisait cramer le plat, ou il était franc en lui exposant ses quatre vérités. Je suis contente qu'elle ait trouvé un jour, un message de la maîtresse à mon paternel dans son portable. Au moins, tout s'est arrêté, ils ont divorcé et je suis née. Dans de bonnes conditions. Ma mère était épanouie, elle n'avait plus mon père sur le dos. Lui, il pouvait profiter pleinement de son amante.

Alors, j'ai grandi. J'ai eu trois ans, je suis entrée à l'école maternelle. C'était nul. Je n'avais ni copains ni copines. Ils ne m'aimaient pas parce que mes parents étaient séparés. Ce n'était pas la mode, à l'époque. Toutes les familles disaient du mal de nous, c'était une humiliation publique. Chaque matin, j'avais la boule au ventre. Puis, j'ai fini par m'habituer et y aller, sans broncher. Je souffrais en silence, même si beaucoup me brisait le coeur. Beaucoup, sauf un. Ce fut le jour le plus merveilleux de toute ma scolarité. Il était nouveau, il était beau. Je lui avais sauté dessus. Non, j'étais tombée amoureuse. J'étais aux anges. Ma mère, elle, redoutait. Elle se rappelait mon père, repleurait. Tout ce qui touchait de près ou de loin à l'amour la rendait affreusement triste et nostalgique. Moi, j'ai fais mon égoïste. J'ai continué d'aimer au plus profond de mon être ce gentil garçon. Et, j'ai foncé. Je lui ai demandé si je pouvais l'embrasser. Je croyais qu'il allait me rire au nez mais, en fait, pas du tout. On s'est caché derrière la poubelle et on s'est fait un bisous. C'était mon premier petit copain et petit, dans tous les sens du terme. On se tenait par la main, on se faisait des câlins, on se chatouillait, notre jeu préféré d'ailleurs. Grâce à lui, je ne voyais plus ma vie pareille.

C'est à l'adolescence que j'ai commencé à paniquer. J'ai eu très peur de tout, je n'aimais presque rien mais, j'étais très populaire. J'avais des amis comme jamais je n'en avais eu. Plus tard, je me suis rendue compte que ça ne servait à rien parce que les vrais se comptaient sur les doigts d'une main. Bref. J'ai pris peur parce que, mon père a refait surface dans ma vie. Il a sali la réputation de maman, à l'école, à son travail, chez la famille. Il l'a pourrie, enfoncée. Je devais me taire et acquiescer ou il me plaçait. C'était l'enfer. Chaque soir je me cachais dans le placard, jusqu'à ce qu'il parte. Ma mère venait me chercher, on mangeait, rouges toutes les deux à cause de lui qui nous terrorisait. On priait toutes les nuits pour qu'il s'en aille, en vain. Alors, on a monté un plan, soudées. On s'était dit qu'en lui faisant rencontrer une blonde sulfureuse, il nous lâcherait. Les premiers mois, on écouhait. C'était lui qui gagnait, encore. Mehdi, mon meilleur ami, nous avait donc aidées les mois suivants. On avait réussi. Il nous avait dit de le piéger. Maman devait recoucher avec lui, ce qu'il attendait depuis le début. On était loin d'y avoir pensé, à deux. Au moment de passer à l'acte, Mehdi était entré dans la chambre violemment et avait aspergé mon père d'eau. C'était puérile mais là, il était énervé. Il avait sauté du lit, était sortit de l'hôtel en jurant qu'il ne nous reverrait plus jamais. Quel idiot, n'empêche.

Aujourd'hui, j'ai quitté ma mère depuis ma majorité, pour vivre dans ce studio à quelques pas seulement de mon université et mon cabinet de kinésithérapie. J'enchaîne les interviews sur ma profession et ma réputation et, les examens pour m'attaquer à une carrière d'écrivain. Je me sens bien. Maintenant, il m'arrive à certaines occasions de me retrouver pompette, déchirée mais qu'est-ce que je m'en fiche. C'est un cap et je ne suis jamais dans le grand excès. Je suis responsable, je sais qui je suis, je sais ce que je fais. Je revois papa par moment qui a drôlement changé. Maman et lui sont amants, parce qu'il s'est remarié. C'est une situation étrange, bizarre. Enfin bon. Ils nient ce lien mais, je le vois, je ne suis pas dupe. Ils ont découvert qu'ils préfèrent le danger, l'instabilité, la hâte de se revoir le soir, dans leur couple. Ils préfèrent l'aventure, la trahison par rapport à leurs conjoits, la manipulation. Ils préfèrent tout ça. Moi, je ne les comprends pas. C'est mieux que rien mais, nul d'un point de vue humain. Je pense que Secret Story va me remettre les idées en place comme il se doit.